Les gravures de Michelle Corbisier questionnent les commencements. Comment faire apparaître, en chaque image, ce qui ne devient visible qu'à travers un regard si longtemps déposé sur les choses qu'il les a décantées ?
Le temps alors devient matière. La part nécessaire et accidentelle de cette révélation répond au travail d'une infinie patience, d'une capacité mystérieuse à rencontrer le hasard en ce qu'il possède de plus fécond. L'œuvre gravée, dans son ouverture au monde, est intériorisée, méditative. La rêverie naît de la contemplation d'espaces vastes où s'inscrivent les traces vives de paysages très anciens.
Michelle Corbisier donne à voir, à travers la matière et le grain des choses, l'invisible avant qu'il ne se métamorphose et ne s'incarne en un espace sensible, transportant le regard au cœur de l'infini.
Ornières des nuits crevassées,
pistes contestant des points d'eau,
je ne vous fuirai pas.
Vos détresses mesurent
l'insignifiance qui surgit
dans mes veines lassées.
Qu'attendre encor des éclaircies ?
La glaise humide
persiste à l'horizon.
J'accuserai sa preuve ouverte
près du mystère des étangs
Jacques Demaude, En regardant deux gravures de M. Corbisier, 2014